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Limiter la marge bénéficiaire d’huile d’olive conditionnée : est-elle vraiment la solution ?

Le ministère du commerce vient de plafonner la marge bénéficiaire des détaillants d’huile d’olive conditionnée à 15% par rapport le prix d’achat en vue d’encourager la consommation locale vu que les prix finaux sont jugés élevés (entre 12 et 15 dinars le litre).

L’idée en soi même est louable sauf qu’on commence à douter si cela est réalisable. Il est vrai que la consommation moyenne d’huile d’olive des tunisiens est en recul comparativement aux dernières décennies vu l’augmentation de son prix de vente face à une dégradation du pouvoir d’achat des ménages tunisiens.

Mais probablement, il y a un autre facteur qui a propulsé le ministère tunisien de commerce à engager une telle décision à savoir les estimations d’une saison oléicole exceptionnelle qui peut atteindre les 350 milles tonnes d’huile d’olive. Une quantité un peu plus supérieure à celle réalisée en 2015 et qui devra inquiéter les autorités tunisiennes quant à la capacité de sa liquidation étant donné que la demande prévisionnelle des clients étrangers classiques de la Tunisie n’est pas au top.

Dans se cadre, revoir le marché intérieur d’huile d’olive peut laisser penser qu’il est possible de diminuer la pression sur les producteurs mais cela devra être insuffisant avec un volume annuel de 30 à 50 milles tonnes. C’est bien clair il faut chercher d’autres solutions complémentaires pour trouver des issus au reliquat de la production.

D’une autre part, limiter la marge bénéficiaire à 15% pour un produit qui n’est pas considéré comme à forte rotation comparativement à des pots de yaourts, à de la viande blanche ou à des légumes n’est pas trop logique selon les pratiques courantes de « l’industrie de distribution ». Avec ce taux de marge, les grandes et moyennes surfaces vont trouver du mal à promouvoir tel produit sur leurs linéaires, là ou la rentabilité prime avant tout.

L’effort national doit viser en premier lieu les petits et moyens producteurs en apportant soutient au niveau du perfectionnement de la qualité, de l’obtention des certifications et des labels valorisant le produit tunisien, de facilitation de la réalisation d’emballages propres à chaque marque et d’accompagnement à l’international.

Du côté de l’union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), la réaction n’a pas tardé et son président a demandé que le prix de l’huile d’olive départ usine ne doit pas être inférieur à 8,500 dinars pour le litre. Donc si nous ajoutons les frais de mise en bouteille, de l’emballage extérieur, de la marge du distributeur et de la TVA, nous serons à un prix pas moins de 14 dinars le litre. A ce niveau là, il est clair que le marché local de l’huile d’olive conditionnée ne peut pas aller trop loin.

Réellement pour faire face à l’accroissement de la capacité nationale de production d’huile d’olive variant de 200 à 350 milles tonnes annuellement, il faut repenser autrement. L’Etat tunisien doit en premier lieu mettre en place une stratégie marketing et commerciale innovante et de long terme pour promouvoir notre « or liquide » et de ne pas se limiter à des actions ponctuelles. Il est clair que la dépendance des importateurs classiques ne va pas permettre d’apporter une grande valeur ajoutée pour l’industrie d’huile d’olive tunisienne et qu’il est fortement demandé d’aller vers des nouveaux marchés prometteurs afin de promouvoir l’huile d’olive conditionnée « Made in Tunisia ».

L’effort national doit viser en premier lieu les petits et moyens producteurs en apportant soutient au niveau du perfectionnement de la qualité, de l’obtention des certifications et des labels valorisant le produit tunisien, de facilitation de la réalisation d’emballages propres à chaque marque et d’accompagnement à l’international.

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Malek Ben Mbarek

Consultant formateur en marketing et développement des affaires

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