La biodiversité qui sous-tend nos systèmes alimentaires est en train de disparaître, menaçant gravement l’avenir de notre alimentation, de nos moyens de subsistance, de notre santé et de notre environnement, prévient un premier rapport du genre sur l’état de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture, publié au début de cette semaine par la FAO.
“Une fois perdue, la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture — c’est-à-dire toutes les espèces qui sous-tendent nos systèmes alimentaires et soutiennent les personnes qui cultivent et/ou produisent notre nourriture — ne peut plus être récupérée”, a mis en garde ce document de la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture.
La biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture comprend toutes les plantes et tous les animaux -sauvages et d’élevage – qui fournissent de la nourriture aux humains, des aliments pour les animaux, des combustibles et des fibres. C’est aussi la myriade d’organismes qui soutiennent la production alimentaire par le biais de services écosystémiques et qu’on appelle la “biodiversité associée”.
Cela inclut toutes les plantes, animaux et micro-organismes (tels qu’insectes, chauves-souris, oiseaux, mangroves, coraux, herbiers, vers de terre, champignons et bactéries du sol), qui maintiennent la fertilité des sols, pollinisent les plantes, purifient l’eau et l’air, gardent les poissons et les arbres en bonne santé, et combattent les parasites et les maladies des plantes et du bétail.
“La perte de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture compromet sérieusement notre capacité à alimenter et à nourrir une population mondiale en croissance constante”, a déclaré le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.
“Moins de biodiversité signifie que les plantes et les animaux sont plus vulnérables aux parasites et aux maladies (…). La perte croissante de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture met en péril notre sécurité alimentaire déjà fragile”, a-t-il encore dit.
Sur quelque 6 000 espèces de plantes cultivées à des fins alimentaires, moins de 200 contribuent de manière substantielle à la production alimentaire mondiale et neuf d’entre elles seulement représentent 66% de la production agricole totale.
La production animale mondiale repose sur environ 40 espèces animales, dont une poignée seulement fournit la grande majorité de la viande, du lait et des œufs. Sur les 7 745 races de bétail locales répertoriées par pays dans le monde, 26% sont menacées d’extinction.
Dans le contexte actuel en Tunisie, “l’éducation nutritionnelle” est considérée comme l’option la plus efficace, recommande une étude de Fayçal Kefi, “La biodiversité alimentaire : cas de la Tunisie”, publiée sur les Archives Ouvertes de HAL.
Les options relatives à l’agriculture favorisant les “variétés et races locales”, les “pratiques de gestion de la biodiversité” et “Agroécologie” ont été jugés efficaces tant que des améliorations soient apportées pour rendre ces systèmes plus productifs, estime l’étude.
“Le renforcement de la stratégie nationale pour la biodiversité, y compris par la composante nutritionnelle “a été jugé moins efficace par des personnes enquêtées dans le cadre de cette recherche.
Elle constate, aussi, que le rôle des compétences locales, savoirs traditionnels et les jardins partagés pour la conservation de la biodiversité alimentaire et son amélioration, est négligé en Tunisie.