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Aviculture

Elevage de poulette pondeuse: étapes & bonnes pratiques

PLAN DE L'ARTICLE

I-OBJECTIFS

II-STRATEGIE

III-PREPARATION DE LA MISE EN PLACE

IV-PERIODE D'ELEVAGE

V-CLES DE REUSSITE DE L'ELEVAGE DE POULETTES PRETES A PONDRE

L’élevage industriel de la poule pondeuse croit d’année en année à un taux qui dépasse 2.5 % par an. Depuis 2008, le seuil de production mondiale a dépassé les 60 millions de tonnes et on s’attend à produire plus que 90 millions de tonnes en 2030.

Pondeuse

Production mondiale en milles tonnes

L’œuf de consommation est apprécié dans tout le monde  pour sa valeur élevée en protéine animale, pour son prix abordable mais surtout pour son utilisation facile : il est présent dans les plats, les salades, les gâteaux…

La production de l’œuf de consommation intéresse aussi les éleveurs puisqu’elle est rentable, facile à gérer mais aussi profitable vu les performances élevées de la poule ‘’moderne’’ : une poule sélectionnée peut donner jusqu’à 350 œufs (environ 20 Kg) en 60 semaines pour une consommation de 50 – 55 kg d’aliment concentré seulement.                               

I-OBJECTIFS

Pour un cycle de 80 semaines : 20 semaines d’élevage et 60 semaines (14 mois) de production :

  • Produire 320 œufs par poule présente.
  • Conserver une viabilité supérieure à 90% .
  • Réaliser une entrée en ponte synchronisée et un pic de ponte supérieur à  95%.
  •  Avoir un  taux de ponte  élevé et persistant et un œuf de haute qualité. 

II-STRATEGIE

Bien préparer la mise en place, maîtriser l’élevage de la poulette pour réussir une production régulière durant 60 semaines (14 mois).

III-PREPARATION DE LA MISE EN PLACE

  • Le bâtiment d’élevage ou poussinière : doit être nettoyé, désinfecté  et laissé au repos fermé pendant une période minimale de 10 jours. le programme de nettoyage et de désinfection est très important pour l’avenir et la santé des animaux, il doit être établi par les compétences du domaine et doit être adapté à l’élevage selon son lieu d’implantation (voisinage, environnement et pathologies dominantes de la région) et les antécédents pathologiques de l’établissement.

Pondeuse

  • Vérifier les différentes règles de biosécurité : rotoluve, pédiluve, grillages aux fenêtres, programme de lutte contre les vermines, tenue pour le personnel, douches et lavabos ….
  • Le pré-chauffage : les radians doivent être mis en place et allumés avant 48h de l’arrivée des poussins en hiver et 24h en été pour garantir une température ambiante de 32°c et une humidité d’environ 65 %. (faire attention aux fuites de gaz)
  • La litière : composée généralement de copeaux de bois, traitée et désinfectée, elle sera étalée dès que la température ambiante sera atteinte et sur une épaisseur de 8 à 10 cm suivant les saisons.
  • Les cercles ou gardes :

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Un parc de diamètre 4 – 4.5 m suffit pour 600 poussins au premier jour, puis on peut l’élargir progressivement à partir de 48h et l’enlever vers le 7ème jour.  L’espace occupé par les parcs doit être isolé du reste du bâtiment et il faut établir une ventilation minimale pour apporter de l’air frais aux poussins.

  • L’eau: elle sera bien disposée avant l’arrivée des poussins dans des abreuvoirs accessibles et en nombre suffisant, il faut veiller à ce qu’elle soit  potable et de bonne qualité (analyse bactériologique et analyse physicochimique).
  • Les mangeoires et les assiettes seront placées les uns prés des autres de façon visible et accessible.

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Schéma d’une garde de 600 poussins

 

  •  Au couvoir : l’établissement de couvaison doit garantir la livraison de poussins en bonne santé (indemnes de salmonelle spp et de mycoplasme) / vaccinés selon la demande de l’éleveur (marek, gumboro, new castle....) / de bonne qualité (poids et conformation) / de sexe femelle (sexage convenable) /  bec épointé
  • La formation du personnel : toutes les personnes amenées à manipuler les oiseaux (pour prélèvement, pesée, évaluation physique, évaluation du remplissage du jabot ou vaccination) doivent être expérimentées et correctement formées pour pouvoir manipuler les animaux avec le soin qui convient.

IV-PERIODE D’ELEVAGE

1-Gestion du démarrage

A la réception des poussins,  décharger les caisses rapidement et doucement dans la semi-obscurité puis remettre la lumière au maximum et vérifier le bon fonctionnement des chauffages et régler les niveaux des abreuvoirs et des mangeoires, puis suivre la répartition et l’activité des poussins, ne pas laisser trainer les caisses vides.

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Après trois heures, il faut faire le test du remplissage du jabot  sur 100 poussins le résultat ne doit pas être inférieur à 80 % des poussins avec un jabot plein, sinon on assistera à des mortalités et des problèmes de mauvaise croissance et des problèmes sanitaires. Ce genre de cas peut être dû à la fatigue des poussins (long trajet parcouru, mauvais embarquement) ou à une mauvaise présentation des aliments et de l’eau.       

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                     Jabot plein                                   Jabot vide

Délais d’évaluation du remplissage

du jabot après la mise en place

Objectif de remplissage

(% de poussins à jabot plein)

2 heures

75

8 heures

>80

12 heures

>85

24 heures

>95

48 heures

100

 

Par la même occasion, vérifier la température des pattes car les pattes froides auront les mêmes répercussions que le retard de la prise de nourriture et de l’eau, dans ces cas il vaut mieux revoir les conditions de transport et de déchargement, les mangeoires (accès, disposition et nombre) et la  litière (froide et peu épaisse).

L’alimentation : donner les aliments (ration de démarrage)  à volonté, et de préférence sous forme de miette jusqu’à l’âge de  5 semaines ou jusqu’à un poids de 300grammes.

Permettre un environnement favorable suivant les indications des tableaux ci-après :

Jusqu’à 5 semaines d’âge

Sol

Cage

Ventilation

1m3/h/kg

1m3/h/kg

Densité

40  poussins au m2

50 – 80 poussins au m2

Abreuvement

75 poussins par cloche

 

10 poussins par pipette

10 poussins par pipette

Alimentation

50 poussins par plateaux démarrage

Feuilles de papier démarrage

4 cm de mangeoire par poussin

4 cm de mangeoire par poussin

35 poussins par assiettes

 

Age en jours

Température ambiante

Intensité lumineuse

Durée d’éclairage

Humidité

1 - 3

29 – 28

20 – 40 lux

23

55 – 60

4 – 7

28 – 27

15 – 30 lux

22

55 – 60

8 – 14

27 – 26

10 – 20 lux

20

55 – 60

15 – 21

26 – 25

5 – 10 lux

19

55 – 60

22 – 28

25 – 23

5 – 10 lux

18

55 – 60

29 – 35

23 – 20

5 – 10 lux

17

60 - 70

 

2-Gestion de la croissace

Cette phase commence dès le premier mois et s’étend jusqu’à l’âge de 16 semaines. Durant cette période, on va contrôler la croissance pondérale des poulettes, leur uniformité et leur conformation. Pour cela, on appliquera minutieusement le programme alimentaire, le programme lumineux et le programme vaccinal ; mais avant tout on doit mettre nos poulettes dans les meilleures conditions d’élevage : densité, ventilation, équipement (voir tableau)  la  température doit se situer constamment entre 19 et 20°c.

Jusqu’à 16 semaines

Sol

Cage

Ventilation

4m3/h/kg

4m3/h/kg

Densité

15  poulettes au m2

350 cm2 / poulette

Abreuvement

75 poulettes par cloche

 

8 poulettes par pipette

10 poulettes par pipette

Alimentation

6  cm de mangeoire par poulette

6 cm de mangeoire par poulette

35 poussins par assiettes

La préparation des  poulettes pour la ponte doit aussi tenir compte de la croissance des différents appareils et organes, en particulier le squelette, l’appareil génital et le tube digestif.

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L’apport alimentaire, la supplémentation et la distribution des aliments  (2fois par jour, 3heures par ration) ainsi que le programme lumineux doivent être bien appliqués et toute action doit être enregistrée. Les erreurs qualitatives ou quantitatives nuiront à la santé des poulettes et à leur poids ; les répercussions des défaillances du programme lumineux ne seront visibles qu’après  l’entrée en ponte.

3-Le contrôle du poids

L’objectif de ce contrôle est de maintenir la cinétique de gain de poids chez les poulettes en conformité avec la courbe de croissance  établie par le sélectionneur de la souche. Il est donc nécessaire de réaliser des pesées hebdomadaires et comparer les poids obtenus aux poids standards pour déceler d’éventuelles déviations massives de poids vers un retard de croissance ou un surpoids ou même vers un écart type prononcé, dans ce cas, il faut rechercher les causes et apporter les corrections nécessaires.

Ces erreurs peuvent être dues à une suralimentation ou au contraire à une sous-alimentation ou même à une alimentation déséquilibrée et carencée provocante des  compétitions entre les oiseaux, comme elles peuvent être dues à une température mal contrôlée, un manque d’équipement (mangeoires et abreuvoirs), un surnombre dans les cages ou à des stress quelconques.

Ces erreurs auront comme conséquences  imminentes une hétérogénéité prononcée, un retard de croissance qui conduit à un retard d’entrée en ponte et une sous-production. Dans le cas de surpoids, on assiste à des pontes hémorragiques et des prolapsus cloacaux conduisant inévitablement à la mort.

Les pesées seront individuelles, l’échantillon sera composé de 100 oiseaux s’il s’agit d’un seul lot, mais si l’élevage est divisé en plusieurs lots, l’échantillonnage portera sur un nombre de 50 oiseaux pour chaque lot. Une pesée à l’âge de 23 jours permettra de regrouper en deux ou trois lots séparés chaque catégorie de poids afin de pouvoir corriger les défaillances et  ramener la moyenne des poids et l’écart type à la fourchette de la courbe standard. Cette action sera vérifiée lors de la pesée à l’âge de 60 jours, indicateur de réussite d’une éventuelle correction, et  où le coefficient de variabilité doit indiquer une homogénéité élevée : à ce moment la fusion des groupes peut être indiquée.

4-Le programme lumineux

La mise en place d’un programme lumineux vise essentiellement à la détermination de l’âge de la maturité sexuelle et une entrée en ponte synchronisée ; il vise aussi à influencer la croissance des oiseaux afin d’obtenir des lots homogènes et atteindre le poids corporel recommandé. D’autre part, le programme lumineux permet un bon développement du système digestif qui permettra aux poulettes de multiplier leur consommation alimentaire et augmenter leurs besoins dès l’entrée en ponte sachant que l’œuf pèse en moyenne 65 grammes dont 2 grammes de coquilles.

Le principe du programme lumineux consiste à abaisser progressivement la durée de lumière du jour à partir de la première semaine pour se stabiliser vers la 6ème  semaine à douze  heures de lumière par jour et ce jusqu’à l’âge de 16 semaines puis à partir de cet âge commence la stimulation lumineuse par augmentation progressive de la durée de lumière du jour (une demi-heure ou une heure par jour) jusqu’à l’entrée en ponte vers la vingtième semaine on préconise alors une stabilisation de l’éclairage à 16 heures par jour..

Le succès du programme lumineux est lié à la nature des bâtiments : dans les bâtiments obscurs, la lumière est bien contrôlée, mais dans les bâtiments ouverts, il est plus difficile de mettre les oiseaux dans l’obscurité totale surtout durant les saisons aux jours décroissants (fin d’été / début de l’automne) tandis que l’élevage des poulettes au printemps avec une lumière du jour croissante aide  à la réussite du programme lumineux.

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Schéma théorique du programme lumineux

5-Sante et vaccination

L’état de santé des oiseaux  reste toujours la première préoccupation de l’éleveur ; un oiseau malade ne mange pas,  ne produit pas, maigrit et ne grandit pas. Un oiseau mort est certainement une perte mais aussi un indicateur de maladie qui circule dans le bâtiment tout comme la diminution d’ingestion des aliments.

Pour assurer une bonne santé du troupeau, il faut avant tout garantir une ration parfaite bien contrôlée par le fabricant, distribuée en quantité suffisante, une ration bien calculée qui subvient à tous les besoins relatifs au stade de développement, il faut garantir les meilleures conditions de vie à savoir les paramètres de densité, de température, d’humidité, d’aération et un nombre suffisant de  mangeoires et d’abreuvoirs. Il faut enfin supplémenter la ration par des vitamines, des oligo-éléments et des sels minéraux en temps voulu.

Dans le cas de maladies, il très important de contacter le vétérinaire aussitôt que possible pour établir un diagnostique précoce et entamer  le traitement avant la propagation de la maladie.

Les maladies virales chez les volailles sont nombreuses et presque toujours fatales vu nos élevages ‘’hyper intensifs’’ si on ose le dire ; il est donc important et  indispensable de vacciner les troupeaux depuis le couvoir jusqu’à la fin du cycle de production.

Les principales maladies concernées par la vaccination sont : la maladie de new castle, la bronchite infectieuse, la maladie de marek, la maladie de gumboro, la laringo tracheite infectieuse, le syndrome de chute de ponte…

Les vaccinations commencent au couvoir après l’éclosion  ou  même dans les œufs avant éclosion, puis le reste du programme et les rappels seront réalisés dans l’élevage. Le troupeau ne sera immunisé et en sécurité que si le processus de vaccination soit appliqué convenablement, on doit donc tenir compte des points suivants :

  • Le programme lui-même : c'est-à-dire les dates ou l’âge de  vaccination préconisé par le vétérinaire responsable de l’élevage. Ce dernier doit coller et signer sur le registre de chaque lot la date , le nom commercial , la dose et la voie d’administration du vaccin.
  • La vaccination doit être réalisée par des techniciens compétents en matière de manipulation, dilution, conservation et administration du produit.
  • Les vaccins doivent être stockés, conservés et acheminés dans les bonnes règles de manipulation et de température, en particulier le respect de la chaîne de froid.
  • Faire des analyses sérologiques post vaccinales pour déterminer la cinétique des anticorps vaccinaux et évaluer le niveau de couverture des oiseaux et par conséquent les degrés de réussite de la vaccination.

A côté de cette prophylaxie médicale par les vaccins, on peut intervenir par d’autres mécanismes comme l’utilisation des pro biotiques et le traitement des aliments par la chaleur, mais la couverture sanitaire  des élevages avicoles de toutes spéculations ne peut être satisfaisante sans la mise en place d’un système de biosécurité permanent et contrôlable.

V-CLES DE LA REUSSITE DE L’ELEVAGE DES POULETTES PRETES A PONDRE

Pour obtenir  un lot de poulettes prêtes à pondre, homogène, en bonne santé et performant il faut :

  • Appliquer un programme de nettoyage et de désinfection convenable.
  • Elevage en bande unique: all in all out.
  • Recevoir des poussins d’un jour  de bonne qualité, sexés, épointés et vaccinés.
  • Un respect des règles de biosécurité.
  • Programme vaccinal et sanitaire suivi par le médecin vétérinaire.
  • Un rationnement étudié.
  • Une alimentation convenable quantitativement et qualitativement.
  • Une eau potable (analyse bi annuelle)
  • Des équipements suffisants, propres et neufs
  • Un environnement viable : température, humidité, densité et aération.
  • Un programme lumineux parfait.
  • Un contrôle du poids rigoureux et un suivi d’homogénéité.   
author

Hatem HADJ KACEM

Médecin Vétérinaire, Ex Inspecteur régional au Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche