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Aviculture

L'oeuf de mon petit-déj! comment est-il produit?

L’élevage des poules pondeuses a beaucoup évolué dans les fermes tunisiennes. On y retrouve les performances préconisées par les sélectionneurs. Le système d’élevage se pratique en bâtiment fermé ou semi fermé avec hébergement en cage.

Les cages sont  disposées en éléments d’une manière pyramidale à 2 ou 3 ou 4 étages sur fosse ou sur cave ou bien  à disposition verticale de 2 à 5 étages sur tapis d’évacuation des fientes pour chaque étage.  A l’intérieur des bâtiments, on trouve de 3 à 5 rangées de cages munies chacune d’une chaîne de distribution d’aliments et d’un système d’abreuvement avec pipette.

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Cages à disposition pyramidale

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Cages  verticales avec tapis d’évacuation des fientes et tapis de ramassage des œufs

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Chaîne de distribution d’aliments

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Abreuvement par  pipettes

 

On élève les souches qui donnent les œufs blancs plutôt que celles qui donnent des œufs bruns (considérées plus sensibles et plus exigeantes). Parmi les souches blanches, trois d’entre elles sont les plus élevées à savoir : Babcock, Novowhite et Lohman. Ces trois souches présentent des caractéristiques très rapprochées surtout pour leur adaptation au climat général du pays ; elles entrent généralement en production à l’âge de 20 semaines (suivant le programme lumineux adopté) et partent à la réforme à l’âge de 80 semaines.       

Caractéristique

BABCOCK

NOVOWHITE

LOHMAN

Viabilité %

94

94

94

Poids à 18 semaines kg

1,300

1,280

1,500

Poids à la réforme kg

1,750

1,700

1,800

Pic de ponte %

95

95

95

Nombre d’œufs

330

350

350

Poids de l’œuf gr

61,5

62

65

Caractéristiques des souches les plus élevées en Tunisie (les chiffres sont approximatifs)

La meilleure pondeuse est donc celle qui reste en bonne santé jusqu’à la réforme pour produire 320 œufs commercialisables et consommer environ 50 Kg d’aliment, mais dans un troupeau, on essayera toujours de se situer au-delà de 90% de viabilité et au-delà de 300 œufs commercialisables  par  poule logée  avec une consommation ne dépassant pas les 53 Kg durant toute la carrière du poussin à la réforme.

A-OBJECTIF

Laisser les poules pondre leurs œufs en paix pour obtenir un pic de ponte supérieur à 95% et une  persistance de la production à niveau élevé, un bon  poids et une bonne qualité d’œuf  et une  viabilité dépassant les 93%.

B-STRATEGIE

  • Réussir la préparation de  la poulette
  • Réussir la période de pré-ponte et l’entrée en production
  • Bien mener les  périodes de production

C-L’ELEVAGE DE LA POULETTE

Ce thème a fait l’objet de l’article précédent (Consulter)

D-LA PREPONTE

I – Le transfert

Le transfert est la mise en cage dans les bâtiments de production de poulettes ayant atteint un certain niveau de croissance et un poids conforme au standard, âgées d’environ 16 semaines, vaccinées selon un  programme établi par le vétérinaire responsable de l’élevage.

Les bâtiments doivent être bien propres (nettoyage désinfection et vide sanitaire selon un protocole précis). Le matériel et les équipements doivent être mis en place et soumis à des essais : chaîne d’alimentation, cages, réseau d’abreuvement, tapis de ramassage des œufs, système de refroidissement, matériel de biosécurité (pédiluves, appâts, grillages aux lanterneaux,…).

Le ramassage des poulettes dans les poussinières doit être bien organisé, il se fait pendant la nuit en présence de beaucoup de personnel pour réduire le temps de ramassage et mieux manipuler les animaux et éviter les accidents.

Dans les bâtiments de production, il faut garantir une surface minimale de 450 cm² en cage par poulette, favoriser l’abreuvement et vérifier  la pression et la température de l’eau dans les pipettes. Attendre 3 à 4 h avant de distribuer l’aliment et favoriser la consommation d’aliment en évitant le tri particulaire et l’accumulation des fines particules, donner 2/3 de la ration le soir et 1/3 le matin.

La période du transfert est la source de beaucoup de stress, il faut tout mettre en œuvre pour minimiser ces facteurs et permettre aux poulettes de se familiariser avec l’environnement avant l’entrée en production.

 II – La stimulation lumineuse

Une photo stimulation efficace entraîne une bonne maturité sexuelle. Cette stimulation débute vers l’âge de 16 semaines quand la durée de lumière est stabilisée à niveau de 12 heures. Le protocole consiste à prolonger la durée de la lumière du jour d’une manière progressive jusqu’à l’obtention de 16 heures de lumière par jour à l’âge 21 semaines, on peut ajouter une demi-heure à une heure chaque semaine et ceci en fonction du poids des poulettes et la date d’entrée en ponte espérée.     

Œuf         

 Ce programme lumineux reste schématique. Il est généralement soumis à des conditions multiples telles que :

  • Les conditions d’élevage en  bâtiments clairs ou  obscures ou semi-obscures
  • La saison et la période de longueur du jour : au printemps, la longueur du jour est croissante, contrairement  en automne où  les jours sont de plus en plus courts
  • L’alimentation et le poids moyen des poulettes : la croissance des poulettes est un critère important dans le choix du programme surtout en phase d’excitation lumineuse.
  •   L’âge de l’entrée en ponte et l’objectif de poids de l’œuf souhaité : plus on retarde l’entrée en ponte plus on obtient des œufs de bon calibre.

NB : l’intensité lumineuse est un facteur à prendre en considération. On l’estime à 0.5 lux minimum au niveau des mangeoires et un maximum de 10 lux  dans le bâtiment. Une intensité supérieure excite les poules, augmente leur agitation et favorise  la chute des plumes et le pica.

III - L’alimentation

   Durant cette période qui ne dépasse pas le mois, une ration spéciale est indiquée : c’est la ration de pré-ponte. Elle est caractérisée par un niveau d’énergie métabolisable d’environ 2800 Kcal, d’un taux de protéine proche de 17.5 % et un apport phosphocalcique plus important.        

    Durant la pré-ponte, l’appareil génital se développe et la grappe ovarienne se forme, on assiste aussi au développement de l’os médullaire qui agira doublement : d’une part comme réservoir de calcium pour la formation de la coquille en période de ponte et d’autre part il aidera à éviter la fatigue de cage. Une faible réserve de calcium  provoque une défaillance de la courbe de ponte, une mauvaise  qualité de coquille, de l’ostéoporose et une mortalité plus élevée.

E-LA PERIODE DE PRODUCTION

    La production de l’œuf de consommation peut s’étaler sur un ou deux cycles séparés par une mue. La mue est un phénomène naturel qui consiste en un arrêt de ponte, une chute des plumes durant une période variable qui peut s’étendre à plusieurs mois,  puis une reprise de la ponte  et la repousse des plumes. En élevage industriel, les éleveurs pratiquent la mue forcée (par la technique de l’obscurcissement et la réduction de l’alimentation pendant environ un mois) pour obtenir un nouveau cycle de production qui peut durer 35 semaines. La mue n’est pas autorisée dans notre pays.

La période de production commence vers l’âge de 20 semaines et dure 60 semaines. L’âge de la réforme  est fixé chez nous à 80 semaines.

Le cycle de production est divisé en deux phases :

  • Phase 1 : de l’entrée en ponte jusqu’au pic de ponte, c'est-à-dire 26 - 30 semaines d’âge. Cette phase se caractérise par deux phénomènes plus importants les uns que les autres à savoir  

1 – l’amorce d’une production qui croit de jour en jour à un taux qui passe de 2% à plus que 90% des poules qui pondent des œufs chaque jour

2 -  un développement corporel  obligatoire qui fait gagner à chaque poule  300 à 400 grammes de poids pour arriver au poids standard d’une poule adulte (le contrôle de poids et le suivi de la croissance  doivent être toujours effectués  selon le  calendrier pré-établi).

De ce fait, il très important de suivre de prés l’apport alimentaire [en quantité (même si les poules ajustent bien leur consommation au besoin quantitatif) et en qualité surtout en calcium et en protéines (1/3 des substances nutritives sera utilisé pour produire les œufs)] pour subvenir à ces besoins qui augmentent quotidiennement avec la production croissante d’œufs et les besoins d’entretien et de croissance des poules. La consommation alimentaire  doit donc atteindre  40 à 50% de la ration.

La lumière en cette phase doit être stabilisée à niveau de 16 heures par jour sans    interruption et d’une intensité minimale de 0.5 lux au niveau des mangeoires

Cependant,  on peut ajouter 1h30 mn à 2h  de lumière en milieu de nuit pour  encourager la consommation d’aliment et la croissance. Cette augmentation ne gênera pas le programme lumineux en cours, elle sera arrêtée à la fin du  pic de production.

 

  • phase 2 : elle succède à la première phase mais se caractérise contrairement à la  précédente par une diminution progressive de la production pour arriver en fin de cycle à un niveau  proche de 70%  et d’autre part par l’arrêt de la croissance corporelle des poules. De ce fait, la restriction alimentaire sera adaptée à ces  événements, mais l’apport en calcium sera maintenu et sera présenté préférentiellement sous forme de carbonate de calcium grossier.

Le programme lumineux et l’intensité lumineuse resteront stables mais on peut rajouter encore une fois une heure ou deux de lumière en milieu de nuit surtout en saison chaude pour palier à la baisse de l’appétit pendant le jour.

F-EN REGLE GENERALE

  • il faut toujours veiller à rester dans les normes de production notamment  le taux de ponte et le poids des poules en fonction de l’âge sachant qu’un taux de ponte élevé et une persistance de production ainsi qu’un  bon calibre de l’œuf  sont étroitement liés au poids vif de la poule lors de l’entrée en production et surtout à la ration alimentaire, sa composition en protéique et en calcium, sa structure granulométrique  et à l’horaires et la fréquences de distribution. (Voir exemple suivant pour une souche novowhite).

Œuf

  • Respecter les normes d’ambiance et d’élevage: température (aux alentour de 23°c), Humidité et aération ; Densité : 450 cm² par poule en cage (norme tunisienne) , 16h de lumière et 0.5 lux d’intensité lumineuse au niveau des mangeoires (la lumière doit être bien répartie dans le bâtiment).
  • Inspecter quotidiennement l’état des équipements : chaîne d’alimentation, réseau  d’abreuvement, tapis de ramassage des œufs, tapis d’évacuation ou racleurs de fiente, pad cooling et extracteurs d’air (système de refroidissement) …
  • Distribution des aliments 2 fois par jour (éventuellement une 3ème  fois en milieu de nuit) à raison de 1/3 le matin et 2/3 l’après midi sachant que la faim ou l’appétit calcique se situe vers la fin de la journée.  Le  temps de vidange des mangeoires ne doit pas dépasser  2 – 3 heures et laisser une période vide.  
  • Tenir compte de l’apport en calcium  surtout en forme soluble sachant que la calcification de la coquille est principalement réalisée pendant la nuit et se termine le matin après l’allumage ; la coquille consomme à elle seule plus que 2 gr de calcium.
  • Garantir une eau de boisson propre et saine (voir les caractéristiques chimiques et microbiologiques  dans le tableau suivant) :

Paramètres

Caractéristiques

Ph

5 – 8,5

Ammonium /  mg/l

< 2.0

Nitrite /  mg/l

< 0.1

Nitrate /  mg/l

< 100

Chlore  / mg/l

< 250

Sodium  / mg/l

< 800

Sulfate   / mg/l

< 150

Fer   / mg/l

< 0.5

Manganèse   / mg/l

< 1.0

Eschérichia coli 100  / ml

0

Entérocoques 100 ml

0

Teneur en colonies à 22°c  / ml

100

Teneur en colonies à 37°c / ml

20

Clostridium sulfito – reducteurs / ml

0

Salmonelles

0

La disposition de l’eau doit être à volonté. Il est à noter que la consommation d’eau par rapport à l’aliment varie avec la température ambiante comme indiqué ci-après :  

Température ambiante en °c

Consommation d’eau / aliment

15

1.7

20

1.8

25

2.1

30

3.1

  • Surveiller le comportement des poules en cage : leur activité, leur appétit et voir s’il y a du picage ou des prolapsus du cloaque.

Remarque  1 : le picage peut être dû  à des carences alimentaires en minéraux (calcium, phosphore) ou en  protéines ou bien à des erreurs d’élevage (luminosité excessive, chaleur élevée, normes de densité (surnombre), insuffisance de pipette d’eau ou d’accès au mangeoire,…). Toutes ces conditions peuvent déclencher le picage et la situation s’aggrave encore plus si l’épointage des becs ou le débecage sont mal fait.

Remarque 2 : le prolapsus du cloaque peut être causé par une ration mal calculée favorisant un dépôt de graisse dans la région cloacale ou par l’application d’un programme lumineux incorrecte (bâtiment trop clair,…).

  • Tenir compte des règles de biosécurité qui sont les clés de la réussite en matière de santé animale. Etablir un programme obligatoire, applicable, pratique, rentable,  incorporé dans le programme de formation du personnel, mis à jour régulièrement, adopté par l'ensemble de l'entreprise et du personnel et enfin  budgétisé.
  • Enregistrer toutes les données relatives au déroulement de l’élevage et de la production
  • Mettre un système de contrôle et de sécurité (alarme et caméras de surveillance) : une panne électrique non signalée à temps peut être fatale pour tout le bâtiment.
author

Hatem HADJ KACEM

Médecin Vétérinaire, Ex Inspecteur régional au Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche